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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/62

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

ne les frappez pas… Sachez pardonner, sachez souffrir !… Il n’est plus à mes yeux qu’une certitude, qui est l’amour… Il n’est vertu que d’amour… il n’est miracle que d’amour… L’amour est la grande sécurité !…

Une longue ovation partit de la salle ; au-dehors, les curieux applaudissaient aussi à grand bruit. Et dominant tout, l’immense acclamation des auditeurs lointains :

— Gloire à Avérine ! Gloire ! Gloire !

Quand le silence fut rétabli, un délégué de l’Académie des Sciences fit un exposé des travaux du maître. Il lisait son discours ; discours officiel qui s’adressait à la masse plutôt qu’aux élites savantes. Évitant les termes techniques, il s’efforçait, en langage populaire, par des rapprochements, des comparaisons familières, de faire comprendre l’étrange nouveauté de l’œuvre d’Avérine. Il montra que cette œuvre ouvrait à l’espoir humain des horizons jusque-là interdits. Déjà, les découvertes se succédaient avec une rapidité surprenante, mais ce qui était fait semblait peu de chose en face de ce qui se ferait bientôt. Tout cela, on le devait à Avérine. Et cet homme, qui entrait vivant dans l’immortalité, l’orateur le montrait dans sa vie privée, simple entre les simples, modeste entre les modestes, grand par le cœur autant qu’il l’était par l’esprit.

L’applaudissement des foules salua la péroraison.

Puis la séance fut suspendue et Avérine se retira.

À la reprise, l’assemblée parut tout de suite un peu houleuse. Le chancelier-président, en une brève allocution, recommanda le calme, rappela le caractère de la réunion et pria les délégués de ne point