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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/72

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

de panthères et de molosses. Cela se passait en Afrique centrale, à des milliers de lieues ; on n’en voyait pas moins la palpitation des chairs déchirées, les soubresauts des bêtes pantelantes, le ruissellement du sang ; et les hurlements des molosses couvraient les accords sauvages de la musique d’accompagnement.

À la lumière indigo, on suivit les jeux dangereux d’une troupe d’équilibristes. Une toute jeune trapéziste, presque une enfant, évolua à mille mètres de hauteur, suspendue à un parachute. Puis un célèbre ténor mexicain chanta, au milieu de l’indifférence générale.

L’atmosphère s’alourdissait de parfums violents. Les rires saccadés dominaient de plus en plus le bruit des conversations. Le poison hilarant faisait grimacer les visages et désaccordait les gestes.

L’apparition d’un Nègre gigantesque ramena l’attention vers les écrans.

— Orog !… Orog !… Vive Orog !…

L’homme s’avançait, les reins couverts d’une peau de bête, une hache de pierre au poing. Soudain, un lion bondit au-devant de lui.

Le combat fut d’une rapidité inouïe. Le fauve s’élança. Immobile comme une statue de bronze, Orog l’attendait. Le lourd silex heurta le crâne monstrueux et le lion roula sur le flanc. Orog fut sur lui comme la foudre ; on entendit un craquement de vertèbres. Terrassé, l’échine rompue, le lion se retourna pourtant et l’homme ne put éviter la griffe levée. La peau de bête qui couvrait ses flancs fut arrachée ; le sang ruissela sur ses cuisses sombres. Mais la certitude de la victoire décuplait ses forces. La hache de pierre broyait les pattes,