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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/96

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

IV

ÉCHEC DE HARRISSON


Rien n’était plus étranger à Harrisson que l’ambition politique. Même avant d’acquérir la renommée, alors qu’il n’était qu’un jeune physicien tout à fait inconnu, il mettait le travail du chercheur au-dessus de tout, et il eût préféré le labeur ingrat d’un aide de laboratoire à la vie brillante et bruyante d’un conducteur d’hommes. Entre un fauteuil au Conseil Suprême et l’humble escabeau de métal sur lequel il se laissait choir, devant sa table d’expériences, quand la fatigue lui brisait les membres, il n’eût pas balancé une seconde.

Ce fut donc avec un véritable ennui qu’il se vit sollicité par d’innombrables inconnus qui, de tous les points du monde, le priaient publiquement de briguer un mandat au Parlement mondial. À chaque période électorale, certains candidats, et non des moindres, se trouvaient ainsi désignés par la voix populaire, en dehors de leur volonté et même contre leur volonté. C’était là une sorte de vote préparatoire où le peuple choisissait, sans les consulter, les plus dignes.

Il n’était pas d’usage, en pareil cas, que les personnes présentées par une masse importante d’électeurs ne défendissent point leur chance. Refuser le mandat, ou plutôt refuser la bataille, était consi-