Page:Pétrifications recueillies en Amérique par Mr. Alexandre de Humboldt et par Mr. Charles Degenhardt.pdf/5

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MR. de Buffon raporte (Époques de la nature note 20) que Mr le Gentil lui avoit communiqué par écrit le 4. Décembre 1771, qu’ayant vu Don Antonio d’Ulloa lors de son passage a Cadix, celui ci l’avoit chargé de remettre de sa part a l’Académie deux coquilles petrifiées, qu’il tira l’année 1761 d’un banc fort epais, de la montagne ou est le vif argent, près de Guanca-Velica au Perou et sous 13 a 14° S. et d’une hauteur de 2222⅓ toises au dessus du niveau de la mer. Ces coquilles sont du genre des peignes ou des grandes pélerines. Il est donc certain, ajoute Mr. de Buffon, que le diamètre de la terre jadis avoit deux lieux de plus, puisqu’il etoit enveloppé d’eau jusqu’à deux milles toises de hauteur ; et cet état a dû se conserver assez longtems, parce que les coquilles ont vecues dans ces endroits elevés et s’y sont multipliées. Cette conclusion a perdue sa conviction de nos jours, car depuis que les idées du soulèvement des montagnes sont devenues assez générales, on ne s’étonne plus de la hauteur a laquelle les coquilles peuvent se trouver, et on n’est pas plus surpris de deux mille toises de hauteur, qu’on ne le seroit de quelques centaines de toises.

Don Antonio d’Ulloa lui même dans ses Noticias Americanas (Madrid 1772 p.293) s’étend fort au long sur ce phénomène curieux et si important pour la théorie des montagnes. Il observe Judicieusement, que les coquilles ne sont pas jettées au hazard sur ces hauteurs, ni rassemblées en collines sans etre changées, comme a la Concepcion du Chili, mais qu’elles font corps avec la masse des couches de la montagne, d’où les pluyes et les torrents les detachent et les entraînent vers la base des rocs escarpés ; qu’elles doivent donc dater de la même époque, que la montagne elle même. La plupart de ces coquilles, dit-il, sont des Peignes, de l’espèce, qu’on nomme peigne des Pélérins, de la longueur d’un pouce et de moins, jusqu’à celle de quatre pouces