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Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/121

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tances toujours croissantes, inconnues aux gens occupés ou opulens, qui ouvrent la porte à la misère. La faim n’est pas le moindre des besoins, & un jour, quelques heures même, dans cette cruelle situation, suffisent souvent pour terminer une vie pénible.

Ces circonstances, causes générales des filouteries qui conduisent à de plus grands crimes, peuvent être prévenues. Il reste encore vingt mille liv. des quatre millions de taxes additionnelles, qui, jointes à un autre fond ci-après mentionné d’environ vingt mille livres, ne peuvent être mieux employées qu’à cet objet. Le plan que je propose est donc :

Premièrement, de construire deux ou plusieurs bâtimens, ou d’en faire servir d’anciens, capables de contenir au moins six mille personnes, & d’y réunir toutes sortes d’arts & métiers, de manière que tous les individus puissent y trouver du travail.

Secondement, d’y recevoir tous ceux qui viendront, sans s’informer qui ils sont. La seule condition sera que pour tel ouvrage, ou tant d’heures de travail, ils recevront, telle quantité de nourriture saine, & un logement quelconque. Il sera réservé une partie du produit de l’ouvrage que chacun aura fait, pour lui être remis à sa sortie. Chacun pourra rester à ces conditions le temps qu’il voudra, & revenir aussi souvent qu’il voudra.

Si tous ceux qui entreront dans ces atteliers y demeuraient trois mois, on nourriroit par ce moyen vingt-quatre mille individus, quoique le nombre réel, dans tous les tems, ne soit que de six mille. En établissant un pareil asyle, beaucoup de gens, qui se voyent réduits dans un état de misère momentané, trouveroient un moyen de se rétablir, & de pourvoir ensuite par eux-mêmes à leur subsistance.