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Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/146

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térêt commun. Partout où elles peuvent agir, l’opposition expire par la crainte, ou se débande par la conviction. Ce sont deux postes élevés, qui dominent maintenant toute la terre, & nous verrons par la suite, s’opérer des révolutions, ou des changemens, dans les gouvernemens, avec la même tranquillité qui peut accompagner toute autre mesure déterminée par la raison, & même par la discussion.

Quand une nation change d’opinions & d’habitudes de penser, elle ne peut plus être gouvernée comme auparavant ; & il seroit non-seulement criminel, mais même d’une mauvaise politique, de tenter par force, ce qui doit être fait par la raison. La rébellion, consiste dans une opposition, à force ouverte, contre la volonté générale d’une nation, soit qu’elle vienne d’un parti ou du gouvernement. Il doit donc y avoir dans toute nation, un moyen de reconnoître, quand il est besoin, l’état de l’opinion publique, par rapport au gouvernement. À cet égard, l’ancien gouvernement de france avoit l’avantage sur le gouvernement actuel d’angleterre, parce que, dans les cas extraordinaires, on pouvoit avoir recours à ce qu’on appelloit les états-généraux. Mais en angleterre il n’y a point de corps semblables qu’on puisse convoquer ; & quant à ce qu’on appelle maintenant les représentans, ils ne sont, pour la plupart, que de pures machines, que la cour fait mouvoir par l’attraction des places.

Quoique tout le peuple d’angleterre paye des taxes, il est certain qu’une centième partie ne contribue pas aux élections ; & les membres d’une des chambres du parlement ne représente personne qu’eux-mêmes. Il n’y a donc que la volonté spontanée du peuple qui ait le droit d’opérer une réforme générale ; car le même droit que deux per-