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Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/216

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n’avons besoin de rien aller chercher au dehors, tandis que les hollandais, qui gagnent immensément à louer leurs vaisseaux de guerre aux espagnols & aux portugais, sont obligés d’importer chez eux la plupart des matériaux qu’ils emploient. Nous devons envisager la construction d’une flotte comme un article de commerce, puisque c’est la fabrique la plus convenable à cette contrée. C’est aussi le meilleur emploi que nous puissions faire de notre argent. Un vaisseau, lorsqu’il est achevé, vaut plus qu’il ne coûte ; il assure ce point si délicat de la politique nationale, l’avantage de faire le commerce & de le protéger tout ensemble. Construisons toujours des vaisseaux ; si nous n’en avons pas besoin, nous les vendrons, & par ce moyen, nous remplacerons notre papier-monnoie avec du numéraire.

En général on se trompe grossièrement au sujet des hommes qui doivent monter une flotte ; il n’est pas nécessaire qu’il y ait un quart de matelots. Pendant la guerre dernière, le terrible, commandé par le capitaine death, soutint un combat plus violent qu’aucun autre navire, & cependant il n’avoit pas vingt matelots à bord, quoique son équipage fut composé de plus de deux cens personnes ; quelques matelots instruits & sociables formeront, en peu de temps, un nombre suffisant de cultivateurs à la manœuvre ordinaire d’un vaisseau ; De tout ce qui vient d’être dit, il résulte que nous ne serons jamais plus à portée de commencer à nous donner une marine, qu’au moment actuel, où notre bois de construction existe dans son intégrité, où nos pêcheries sont bloquées, où nos matelots & nos charpentiers sont sans emploi. On construisit, il y a quarante ans, des vaisseaux de guerre de soixante-dix & quatre-vingt canons, dans la nouvelle-angleterre ; pourquoi n’en feroit-on pas aujourd’hui ? L’art de