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Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/70

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de ses droits par une juste attention à ses intérêts, & il découvre enfin, que la force & les pouvoirs du despotisme, consistent seulement dans la terreur qu’il inspire, & que, « pour être libre, il suffit de le vouloir. »

Ayant dans toutes les parties précédentes, de cet ouvrage, tâché d’établir un systême de principes, comme une base, sur laquelle les gouvernemens devroit être formés, je chercherai, dans ce chapitre, les moyens de les mettre en pratique. Mais pour mettre plus de méthode dans cet article & le rendre plus fort, quelques observations préliminaires déduites des principes, ou qui y sont liées, sont nécessaires.

Quelle que soit la forme ou constitution du gouvernement, son seul but doit être la félicité publique ; lorsqu’au lieu de cela, il fait, le malheur ou qu’il augmente la misère d’une partie de la société, c’est un faux systême, & il est nécessaire de les réformer.

On est accoutumé à distinguer l’état de l’homme en deux classes, en état civilisé & non civilisé. À l’un est attribué le bonheur & l’abondance, à l’autre la fatigue & le besoin. Mais quoique notre imagination soit frappée par la peinture & la comparaison, il est néanmoins vrai, qu’une grande partie du genre humain & de ce qu’on appelle nations civilisées, est dans un état de pauvreté & de misère beaucoup au-dessous de la condition de l’indien. Je ne parle pas d’un seul pays, mais de tous. Il en est de même dans l’angleterre & dans toute l’europe. Cherchons-en la cause. Elle ne provient point des défauts naturels aux principes de la civilisation, mais des obstacles universels à l’exécution de ses principes ; & en conséquence un systême suivi de guerres & de dépenses, qui ruinent le pays, & s’opposent à la félicité publique, dont les nations policées sont susceptibles.