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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/127

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par la reuerberation d’iceluy mesme, qui frappera contre les terriers, et rochers. Item, la liqueur et l’humidité qui descendra desdits terriers et montagnes, sera plus salee que non pas celle des autres parties du iardin, qui causera, que les fruits des arbres qui seront au pied des montagnes, seront plus sauoureux, et de meilleure garde, que non pas les autres, comme tu peux auoir entendu dés le commencement de mon propos, quand ie t’ay parlé des fumiers : et ainsi, chacune espece d’arbre et plante sera plantee selon ce qu’on cognoistra estre requis, sçauoir est, celles qui demandent les lieux hauts, secs et montueux, aux lieux montueux, et celles qui demandent l’humidité, seront plantees le long du ruisseau, qui passera à trauers du iardin. Item, au iardin y aura plusieurs petites isles, qui seront enuironnees de petits ruisseaux, qui distilleront d’vn chacun des rochers des cabinets, et seront amenez les cours desdits ruisseaux droit au grand ruisseau, qui sera par le milieu du iardin. Et par tel moyen, ie feray que lesdits ruisseaux feront en eux en allant au grand ruisseau certaines circulations, qui causeront des petites isles fort plaisantes, et propres pour arrouser les herbes qui seront plantees esdites petites isles. Ie dresseray aussi vn autre petit moyen, pour arrouser les parties du iardin, d’aussi peu de frais qu’il est possible d’ouyr parler : Et ledit moyen est tel, que ie feray percer vn grand nombre de bois de Seu (Sureau), ou autre, que ie verray estre conuenable, et propre pour cest affaire, et apres en auoir percé plusieurs pieces, ie feray qu’elles entreront, et s’assembleront le bout de l’vne au dedans du bout de l’autre : et ainsi consequemment toutes les autres. Et quand ie voudray arrouser quelques plantes ou semences de mon iardin, ie presenteray vn bout desdits bois percez contre l’vne des pisseures des fontaines, et ladite eau de la pisseure entrera dedans le canal ou bois percé, et dedans le bout d’iceluy bois, i’emmancheray vne autre piece de chenelle ou autre bois percé, et selon la distance du lieu que ie voudray arrouser, i’en assembleray plusieurs ainsi, bout à bout l’vne de l’autre, et pour soustenir lesdites chenelles, i’auray certaines fourchettes que ie piqueray en terre, tout le long de la voye où ie voudray aller, lesquelles fourchettes et piquets soustiendront et conduiront mesdites chenelles iusques au lieu que ie voudray arrouser : mais à fin que la chose soit arrou-