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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/219

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ET FONTAINES.

ber en forme de tonnelle ou cabinet, pour donner beauté à ta fontaine.

Théorique.

Voyre : mais si ma maison estoit un Chasteau entouré de fossez, cela ne me pourroit seruir.

Practique.

Si ainsi estoit, il faudroit amener l’eau du receptacle par tuyaux iusques au dedans du chasteau, tout ainsi que tu vois les fontaines de Paris, et celles de la Royne, que l’on fait passer au trauers les fossez, par dedans certaines pieces de bois, qui sont creusees pour cest effect, et sont couuertes par dessus, et y a dedans vn tuyau de plomb par où l’eau desdittes fontaines passe.

Théorique.

Ie connois à ce coup qu’il y a quelque apparence de verité en ton dire : toutesfois quand i’aurois fait tout ce que tu dis, ie n’aurois rien fait sinon vne cisterne ; ie me tiens tout asseuré que tous ceux qui verroyent ma fontaine ne l’appelleroyent point autrement.

Practique.

Mais penses-tu conoistre la verité ny le poids de mes paroles, si tu n’as souuenance de ce que i’ay dit au parauant, de la cause des sources naturelles ? Il est bien certain que si tu ne retiens qu’vne partie de tout ce que ie di tu n’entendras rien : Mais toute personne qui entendra les beaux exemples et preuues singulieres que ie t’ay dites cy deuant, il confessera tousiours que la fontaine que ie te veux monstrer à faire ne peut estre appellee cisterne : Ains à bon droit elle sera appellée fontaine naturelle ; d’autant que l’eau qu’elle iettera procede du mesme tresor que les autres fontaines. Et n’y a nulle difference sinon deux points ; le premier est que l’on a aydé à recueillir, ou pour mieux dire receuoir le bien qui nous est presenté : Mais qu’est ce que ie di ; n’y a il point de peine ? et ne fait on point de frais pour amener les sources naturelles dedans les villes et chasteaux ? ne faut il pas aussi bien de la maçonnerie comme à celle que ie te monstre à faire ? et qui est celuy qui la pourra legitimement appeller cisterne ? veu qu’elle n’a rien moins que les fontaines naturelles : Ie t’ai dit qu’elle estoit toute semblable aux naturelles, excepté deux points : le premier est, comme i’ay dit, que l’on a aidé à na-