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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/227

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ET FONTAINES.

Theorique.

Ie te prie me dire comment tu voudrois faire.

Practique.

I’eslirois quelque piece de terre prochaine de ma maison, et l’ayant haussée d’vn bout, comme i’ay dit cy deuant, ie voudrois auoir certains maillets de bois, et battrois la terre fort vnie : et estant ainsi battue et bien dressée, ie ferois les deux receptacles que i’ay dit cy dessus, et chercherois en quelque part, soit prez ou bois, quelque terre qui fut bien espoisse d’herbe, et d’icelles ie ferois vn si grand nombre de gazons, que i’en aurois pour foncer tout le dedans de mon parterre, et afin que les racines des herbes entrassent d’vn gazon à l’autre ie remplirois toutes les iointures de terre fine, et par tel moyen les racines des gazons passeroient de l’vne à l’autre, et lors ce seroit vn paué de pré qui ameneroit les eaux iusques au receptacle, par le moyen de son inclination.

Theorique.

Et cuides tu que les eaux des pluyes ne puissent passer au trauers desdits gazons, ou pour mieux dire, que les terres les boiroyent sans leur donner le loisir de se rendre au receptacle ?

Practique.

Et penses tu que ie te baille vn tel conseil sans auoir premierement contemplé les prées naturelles. I’en ay veu pres d’vn millier qui n’auoyent pas trois pieds de pente, ou toutesfois les eaux des pluyes se rendoyent en la partie basse de la prée, et demeuroyent là vn bien long temps au parauant que la terre les eut succees. Car la quantité des herbes et racines empesche que la terre ne puisse succer l’eau comme les terres labourees, ie ne di pas que les fentes qui suruiennent en esté à cause de la siccité ne puissent boire une partie des eaux, quand les terres sont alterées : mais l’inclination ou pente du parterre, cause que la plus grand part des eaux qui tombent se rendent soudain entre les sables qui sont au dessus du premier receptacle. Si tu auois seulement bordé ton parterre de plusieurs especes d’arbres, cela donneroit ombrage audit parterre : afin que le soleil ne fit fendre lesdits gazons. Item, ie voudrois laisser croistre l’herbe desdits gazons, sans la couper, et les pluyes descendantes du haut du parterre en bas, feroyent coucher ton herbage, et lors elle seruiroit de cou-