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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/254

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DES METAVX

tal, salpestre et sel commun, de se sçauoir congeler et faire vn corps à part au milieu de l’eau commune, il est donné aussi aux matieres minerales de faire le semblable, comme ie prouue par vne ardoise que tu vois icy, en laquelle sont plusieurs marcassites formees. Et non sans cause t’ay-ie mis en auant le propos de ceste ardoise : car elle me donne à connoistre la conclusion de ce que i’ay allegué cy dessus. Tu vois que les marcassites metalliques qui sont en icelles sont quarrees par faces semblables à un dé. Si ie te demande lequel des deux a esté formé le premier, ou l’ardoise ou la marcassite, tu ne me sçaurois respondre ; ie seray donc le prestre Martin, ie me respondray moy mesme, prenant pour argument les coquilles, lesquelles ie preuue estre formees dedans l’eau qui depuis ont esté petrifiees, et l’eau et les vases où elles habitoyent. Et tout ainsi comme les coquilles estoient formees au parauant qu’estre petrifiees, et le lieu où elles habitoyent : semblablement les marcassites qui sont en ceste ardoise estoyent formees au parauant l’ardoise, et est chose certaine que quand elles se formoyent elles estoyent couuertes d’eau meslee de terre, laquelle depuis s’est reduite en ardoise, et les marcassites ont demeuré en leurs propres formes enchassees dedans laditte ardoise, comme les coquilles se trouuent enchassees dedans la pierre. Conclus donc que lesdites marcassites sont formees d’vne matiere qui (au parauant sa formation) estoit inconnue dedans les eaux, et par vn ordre que Dieu a mis en nature, les matieres, qui au parauant estoyent vagantes, se sont formees en telle sorte, que les hommes deuroyent grandement s’esmerueiller des œuures de Dieu, et connoistre que c’est vne grande folie de le penser imiter en telle chose. Quelque temps apres que i’eus pris garde à ce que dessus, ie m’en allois par les champs, la teste baissee, pour contempler les œuures de nature : lors ie trouuay certains mercenaires qui tiroyent de la mine de fer, assez bas dans la terre, et laditte mine estoit en pierres d’enuiron la grosseur d’un œuf, ie nomme la grosseur par ce qu’és Ardennes la mine de fer y est fort menue. Or celle que lesdits mercenaires tiroyent n’auoit aucune forme, les vnes pierres estoient longues et les autres rondes, bicornues, selon le lieu où la matiere s’estoit arrestee au temps de sa congelation. Quelque temps apres i’en trouuay certaines pierres asses grosses, que toute la superficie estoit formee à