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Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 1.djvu/127

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À l’extrémité nord de Bangkok à onze lieues de la mer, je vis des Chinois creusant un étang, ne rapporter du fond que des coquillages concassés, ce qui me confirma dans mon opinion, que cette plaine avait été mer autrefois. Voulant donc résoudre la question de manière à lever tous les doutes, je fis creuser dans le terrain de notre église à Bangkok un puits de vingt-quatre pieds de profondeur ; l’eau qui se rassemblait au fond était plus salée que l’eau de mer ; la vase molle qu’on ramenait du fond était mêlée de plusieurs sortes de coquillages marins, dont un bon nombre étaient en bon état de conservaiion ; mais, ce qui finit par lever tous les doutes, fut une grosse patte de crabe et des concrétions pierreuses auxquelles adhéraient de jolis coquillages.

La mer s’est donc relirée et se retire encore tous les jours ; car dans un voyage au bord de la mer, mon vieux pilote me montra un gros arbre qui était à un kilomètre dans les terres, en me disant : « Voyez-vous cet arbre là-bas ? Quand j’étais jeune, j’y ai souvent attaché ma barque ; et aujourd’hui, voyez comme il est loin. » Voici la cause qui fait croître si vite la terre au bord de la mer. Pendant trois mois de l’année, quatre grands fleuves char-