Aller au contenu

Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 1.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 340 —

et sans diplôme, se constituent eux-mêmes docteurs ; il suffit pour cela de se procurer un livre de tamra ou recettes, une petite boîte à compartiments renfermant des petits sachets de pilules, des onguents, quelques fioles d’essences ou de poudres sternutatoires, de camphre, d’huile balsamique ; mais surtout il faut savoir assaisonner tout cela de verbiage et de charlatanisme. En général, tous ceux qui ne font que commencer à pratiquer cet art ne font rien qui vaille pendant les huit ou dix premières années ; mais après cela, l’expérience venant à leur aide, ils finissent par devenir de bons médecins. Le peuple, qui n’a pas plus de confiance qu’il ne faut à cette foule de charlatans, se garde bien de prendre et de payer leurs remèdes en aveugle. Un malade fait venir le médecin, lui expose son mal et puis lui demande s’il peut le guérir ; l’autre, après une mûre réflexion, et après s’être bien rendu compte des symptômes de la maladie, répond : Oui, je puis vous guérir. Le malade reprend : Eh bien ! quand vous m’aurez guéri, je vous donnerai tant. Si cela plaît au docteur, on passe un écrit, après quoi le docteur demande deux cierges pour adorer l’Esculape des Indiens, et la somme de six salûng