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mais ils prétendaient que leur religion n’était ni moins belle, ni moins sainte, ni moins propre à leur procurer la félicité éternelle. Voici l’idée que donnent de cette fausse religion les missionnaires les mieux instruits.

Les Siamois, disent-ils, ont des temples magnifiques, où l’on voit des statues colossales d’une figure monstrueuse ; ils les surdorent si proprement que nos Français se sont laissés persuader, plus d’une fois, que celles du palais du roi sont d’or massif. Les riches particuliers en ont aussi de fort brillantes dans leurs maisons, qu’ils embellissent par les ornements les plus précieux. Leurs prêtres, que les Portugais ont appelés talapoins, sont logés dans des cloîtres et des cellules auprès des temples. Ils ne sortent presque jamais de leur monastère que pour recevoir l’aumône ; ils la demandent sans parler et se contentent de présenter leurs marmites. Le peuple, qui sait qu’ils ne possèdent aucun bien, qu’ils vivent très-sobrement, et qu’ils distribuent aux pauvres ce qu’ils ont de superflu, leur prodigue ses charités. Leur vie est fort austère ; leur habit, fait de toile jaune, est plus modeste que celui des laïques. Ils peuvent le quitter lorsqu’il leur plaît, abdiquer la prêtrise