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Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 2.djvu/392

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bouchure de la rivière de Siam, auraient fait perdre courage à tout autre ; et un troisième qu’il fit ensuite sur la côte de Malabar, aurait jeté dans le désespoir un esprit moins ferme que le sien. Il y pensa perdre la vie, et il ne lui resta que deux mille écus de tout son bien.

Ayant été jeté sur le rivage avec ce débris de sa fortune, il se trouva si fatigué, qu’il se coucha pour prendre un peu de repos. Il a raconté plusieurs fois lui-même qu’en ce moment, il avait vu, soit en songe, soit autrement, car il n’a jamais bien pu démêler s’il était éveillé ou endormi ; une personne d’une figure extraordinaire, et d’un air plein de majesté, qui, le regardant en souriant, lui avait ordonné de retourner d’où il était venu. Ces paroles, qu’il entendit, ou qu’il s’imagina entendre, lui roulèrent longtemps dans l’esprit ; et comme il s’était couché aux approches de la nuit, il la passa tout entière à réfléchir sur ce qui venait de lui arriver.

Il continuait sa rêverie le matin en se promenant sur le bord de la mer, lorsqu’il aperçut de loin un homme qui venait à lui a grands pas. Il n’eut, pas de peine à reconnaître que c’était un voyageur échappé d’un naufrage aussi bien que lui son visage pâle et son vêtement encore tout