Page:Paquin - Le mirage, 1930.djvu/51

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LA VIE CANADIENNE 49 LE COIN DU POETE Jeune Fille et Jeune Fleur (Chateaubriand) A la mémoire de G. P. Elle était belle, elle était blonde Comme une aurore de printemps. Hélas, pour mourir à vingt ans Fallait-il tant de grâce au monde ? Quand s’éteignit sa voix profonde Les pleurs se mêlèrent aux chants ; L’hiver, avec des soins touchants, Couvrit de neige la rotonde. . . Dieu, quel mystère en Vos desseins ! Manquait-elle aux parvis des saints La fleur hier épanouie ? Moi, quand je songe à son destin. Je crois entendre en mon chagrin Le vent qui pleure mon amie... Jean D’AUTUN. Les Elections Générales (l) Tiens 1 nous n’avions rien à faire Durant les longs jours d’hiver ! Voilà que le ministère Va nous mettre tous en l’air. Electeurs de la province, Vous êtes tous appelés. Le peuple, c’est un bon prince ; On vous appelle : votez ! Votez bien ; la destinée Du pays dépend de vous. Quand la France infortunée Vote pour un tas de fous, Et que les sages protestent, Canadiens, imitons-les. Et que les fous chez eux restent. On vous appelle : votez ! 1. Les deux pièces spirituelles et légèrement malicieuses qui suivent datent de 1865 ou 1870 ; nous les avons trouvées dans les cartons de l’auteur et les donnons in extenso puisque nous aurons sous peu des élections générales. Votez fort pour la jeunesse Au coeur grand et généreux ; Et votez pour la vieillesse Qui secourt les malheureux. Votez pour les gens honnêtes Avant tout, et protestez Contre les mauvaises têtes. On vous appelle : votez ! Votez ; que grand bien nous fasse, Qu’au pays tout marche bien. Mais riez fort à la face De plus d’un homme de rien. Aux farceurs pleins de promesses Faites de grands pieds de nez... Electeurs, plus de faiblesses, On vous appelle : votez ! Blain de SAINT-AUBIN. Mon Candidat Mon candidat est un brave homme Je vous le présente aujourd’hui ; Dans l’instant, je vous dirai comme Je deviens amoureux de lui. Il conte de si belles choses Et ne veut rien qu’un bon mandat ! Puis il nous montre tout en rose ; Ah ! votez pour mon candidat ! Mon candidat a l’âme tendre ; On dit que, de par le comté, Son coeur, un jour, se fit surprendre Par une attrayante beauté. Si nous avions un mariage Au bout de la lutte ; ouida ! Nous redirions le vieil adage : « Il est époux et candidat." Et je chanterais à la noce Quelque couplet éehevelé ; Nous aurions un plaisir féroce Grâce au candidat appelé. Puis, en savourant le champagne Que sa bourse nous déboucha, Nous dirions : « Tiens, à la campagne, Ainsi l’on fête un candidat !” Mon candidat, tenez, je l’aime ; Il vient de prêter vingt louis Au plus grand non-rendeur quand même, Un fort-à-bras, le Grand Louis.