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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/108

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

dites cela ? » répliquait Dumas. Les comédiens ne sont pas dépourvus d’esprit.

Dumas aussi en a. Il en a même à foison, du meilleur, qui respire la force, la santé et le parfait équilibre. Pas d’amertume en lui, ni dans la forme ni au fond. Mais cela n’est pas un fort bon signe, s’il est question de génie comique. Il imagine de belle humeur, avec allégresse, ici comme dans le drame et dans le roman. Ridicules, préjugés, modes, illusions fournissent le dialogue de mots étincelants, mais non pas à l’emporte-pièce. Dès le Mari de la Veuve, un acte d’une verve copieuse et expansive, où Édouard Pailleron, qui prenait volontiers son bien chez les autres, a trouvé une des plus jolies scènes de l’Étincelle (le sonnet, lu à une blonde, dans lequel sont célébrés les cheveux noirs), Dumas est en possession de tout cet esprit-là, pittoresque, fantaisiste et bien venant. Il en a semé un peu partout dans ses drames. L’excédent fait encore le charme de ses comédies, charme un peu robuste, si je puis ainsi dire.

L’on pense bien que l’esprit de situation ne lui fait point défaut. Dans l’Envers d’une conspiration (1860), comédie historique par à peu près, mais d’une fantaisie étourdissante, où Dumas se divertit à la suite de Pinto et de Bertrand et Raton, il trouve jour à renouveler le centième duel qu’il ait peut-être mis en œuvre. Un jeune homme, muni d’une lettre de recommandation pour un colonel, croise le fer avec lui sans le connaître. Blessé, le protecteur se nomme ; confus, le protégé se replie et craint fort pour l’effet de son passavant, « à cause de l’apostille