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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/127

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

et fut enfin dans sa pleine fonction d’organisme avec la Chronique du règne de Charles IX, œuvre mince et faussée par la théorie qui lui sert d’armature, où le goût du petit fait vrai et de l’anecdote suggestive, qui est le propre de Mérimée, se contente avec art, et qui, au demeurant, ne vaut point Colomba. Êtes-vous curieux de connaître encore le secret de cette éphémère « vitalité », ils vous révéleront que, si la tragédie a vécu pour avoir mis les héros fameux au premier plan, la condition essentielle du roman historique est de reléguer dans l’ombre les personnages de l’histoire. Ne les poussez pas trop : car ils décideraient, pour la beauté des courbes, que Notre-Dame de Paris marque la décadence. Faut-il s’étonner que la poigne de Dumas ait désorganisé un genre si lentement élaboré, et, décidément, si fragile ? Nierons-nous qu’Isabel de Bavière ait irrévocablement accompli cette méchante action ? À moins que, comme le drame, le roman ne fût historique par ambition et populaire par nécessité ; qu’il n’ait été justement défini en sa raison d’être par cet aphorisme d’Alfred de Vigny : « L’histoire est un roman dont le peuple est l’auteur », et que, pour tout dire, historique ne pouvant, populaire ne daignant, il n’ait enfin trouvé en Dumas son homme qui le ramena bonnement à ses fins propres.

Il faut chercher surtout en des raisons sociales le succès que la France fait à Walter Scott dès 1820. Le peuple qui venait de naître à la vie publique, était prêt à recevoir du passé l’impression directe et romanesque qui contente les yeux, éveille le sentiment, et propage par vives émotions le goût de la