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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/134

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

singulière. Il lui faut voir les hommes en déshabillé, et aussi les femmes, pour ranimer une époque et l’air qu’elle respire. Les textes lui offrent des visions, sur lesquelles il imagine dans le sens de l’histoire. À y regarder de près, la teneur de l’ensemble est vraie. Si ce n’est pas absolument la résurrection du passé, c’en est du moins une intuition familière et vivante. À cet égard, la Reine Margot, le début de la Dame de Monsoreau, et deux tiers des Trois Mousquetaires sont des prodiges d’interprétation animée. Le Vicomte de Bragelonne, inspiré de l’Histoire d’Henriette d’Angleterre, met tout ce monde de la Cour de Louis XIV, les filles de Madame, la Montalais, Manicorne, de Vardes, de Guiche comme à la portée de la main. Les indications morales de Mme de la Fayette se transforment en récits et scènes qui font une étonnante illusion. Ceux qui raillent les incidents surprenants, dont les romans de Dumas sont remplis, nous font sourire. N’ont-ils point lu l’histoire écrite par Mme de la Fayette ? Et Guiche dans la cheminée ? Et les femmes espionnes ? Et les cassettes de Malicorne ? Et les machinations de Vardes ? Je méprise le paradoxe, prouesse facile. Mais il faut avoir le courage de dire que nul n’a mieux restitué la manière et le sentiment de ce xviie siècle. Les personnages, dont il est courant de répéter qu’ils tiennent un langage stupéfiant, empruntent à l’exactitude du costume, des mœurs, de l’atmosphère ambiante, et aussi à quelques traits de caractère adroitement notés une physionomie à la fois historique et romanesque, exacte et imaginée. Ils ont un air de vérité que les docu-