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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/154

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Et Vingt ans après ? Ces trois volumes font une suite aux Trois Mousquetaires. Et le Vicomte de Bragelonne ? Ces six volumes s’ajoutent aux cinq premiers. Dumas aime les suites. À mesure qu’il multiplie les volumes, il ménage son talent. Quand, après avoir orné les Trois Mousquetaires d’une conclusion et Vingt ans après d’une seconde conclusion, il entreprit de conclure une troisième fois par un roman plus long que les deux autres ensemble, son fils effrayé lui dit : « Malgré le secours de Mme de la Fayette, qui te fournit le nom et les premières amours du fils d’Athos, comment t’y prendras-tu pour soutenir l’intérêt de ces livres nombreux ? — Eh bien, répondit Dumas, il arrivera au vicomte tout ce qui est arrivé au comte. » — Voire un peu davantage. L’histoire est toujours complaisante au romancier ; Dumas est toujours fécond en fictions. L’une apparaît bientôt en tranches découpées ; les autres s’enchevêtrent et se dramatisent de plus belle. L’auteur en vient à s’excuser « d’être forcé, bien malgré lui, de faire un peu d’histoire », comme au chapitre XXIII du Vicomte de Bragelonne. Je vous laisse à penser si cette modestie cache de bonnes libertés. C’est qu’alors les feuilletons s’ajoutent aux feuilletons, les conclusions aux suites, et les suites aux conclusions. Nulle matière n’est trop vaste. Dumas avait rêvé de mettre en roman l’histoire de France ; et, commençant Isaac Laquedem, il pensa écrire le roman historique du monde. Il s’arrête bientôt, la matière lui paraissant un peu courte. Cependant il se retourne vers les Louves de Machecoul ou les Compagnons de Jéhu. Et cela,