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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/162

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Dans Atar-Gull le même Sue avait mis au régime de l’opium un scélérat curieux d’une conscience calme et de rêves agréables ? Monte-Cristo prend du hatchis et se plonge en des rêves voluptueux. La bourgeoisie incline vers le culte de l’or, dont les romanciers proclament la souveraineté ? L’incandescente tête de notre Dumas leur fera paraître la puissance de l’or massif, de l’or ciselé et frappé, de l’or innombrable, de l’or ruisselant dans un flot de diamants.

Le soleil s’est levé ; disparaissez, étoiles.

Nous cousinerons avec Dieu même. Si ce n’est assez d’étaler la force de la richesse qui balance le bras du Tout-Puissant, nous nous enfoncerons dans les jouissances orientales des Mille et une Nuits. Dieu est grand, et Dumas est son prophète.

Une grande leçon se dégage d’abord de ce roman magnifique, où les fantaisies du conteur ne le cèdent point aux illusions de l’époque. Cette volonté humaine, qui est le principe de toutes ses fictions, serait autant que l’or infinie en puissance, si elle ne trouvait sa propre limite dans la sottise et l’orgueil. Car prisonnier ou millionnaire, l’individu moderne est tout pétri de force et de superbe, d’audace et de badauderie. Mais cet intérêt social n’est pas pour refroidir le roman. Au reste, jamais écrivain ni époque ne furent davantage des parvenus de l’imagination. Dumas n’a pas le privilège de la gloriole un peu crédule.

De là le succès de l’ouvrage dans les faubourgs. Lorsque Dantès usurpe le rôle de la Providence, il