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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/44

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Dès l’instant que Catherine a prononcé cet aphorisme, tous les événements poussent Guise à un échec et Saint-Mégrin au guet-apens. Mais il fallait d’abord trouver jour à objectiver sur la scène ces passions politiques. C’est le génie du drame, et du drame populaire, qui en impose au parterre l’immédiat sentiment par un geste peu vraisemblable, si l’on réfléchit, démonstratif et lumineux, si l’on cède à l’émotion et au mouvement qui règnent sur le théâtre. Oui, cette insolente sarbacane et ce pois chiche impertinent nous révèlent tout à coup les divisions qui travaillent cette cour et les haines dont Guise est la cible, en même temps que cette bravade, à la française, nous réjouit et nous fait illusion. Or, cette illusion jointe à cette joie sont tout justement les propres moyens du dramatiste. Le peuple que nous sommes a ri : Guise est politiquement défait. — Ce n’était pas davantage une médiocre entreprise que d’amener au rendez-vous final Saint-Mégrin, un mignon fraisé, si l’on s’en réfère à l’Estoile, un seigneur de tête et de courage, le conseiller énergique qui ferait d’Henri III un roi, si l’on en croit Dumas. Eh quoi, le souvenir de Dugast est présent à sa mémoire ; il s’attend à toutes les embûches ; et voici qu’il s’en va chercher vingt coups de poignard à l’hôtel de Guise, comme un écolier. Ici encore apparaît le don du drame. Dumas ne triche point ; il n’esquive pas la difficulté ; au contraire, il l’a devant les yeux, il fixe sur elle notre regard. Et il l’aborde de front, avec cette logique scénique, qui lui tient lieu d’un miroir ardent. Dès les premières répliques, toutes les situations tendent