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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/49

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LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

sous de l’une et de l’autre, il s’élève fort au-dessus de Schiller et de Scott, de la pucelle d’Orléans et du Maugrabin de Quentin Durward ; et tout cela tient à une même cause, sur laquelle il voudrait s’aveugler, et qui est la nature même de son talent. Charles VII chez ses grands vassaux serait une tragédie médiocre ; mais, par bonheur, c’est aussi autre chose qu’« une étude laborieusement faite » : et, avec son air de nous imposer, Dumas l’entend fort bien.

Le sujet même qu’il a choisi — ou reçu de Gérard de Nerval qui s’y était essayé avec Théophile Gautier, dans une Dame de Carouge inachevée — semble le rapprocher de l’unité tragique. Mais combien sa façon de le concevoir l’en éloigne ! Je sais qu’il a « pris les formes classiques » et voulu « faire une œuvre de style plutôt qu’un drame d’action ». Hélas ! que nous savons peu ce que nous faisons ! Je connais aussi qu’il a « verrouillé ses trois unités dans les dix pieds carrés de la chambre basse du comte Charles de Savoisy ». Ô homme candide, ô homme véritablement peuple par la superstition des formules, et qui, pour une fois qu’il ne change point son décor, pense faire œuvre tragique ! Comme si les fameuses règles étaient autre chose que des moyens de composition, conventions caractéristiques de la tragédie, mais nullement essentielles. Certes, je ne suis pas de ceux qui estiment que Dumas n’a pas su retenir l’unité du sujet entre ses mains. Il est trop homme de théâtre pour disperser l’intérêt. L’idée, dont il s’empare, est française, et, cette fois, presque nationale. La France féodale domine la pièce ; mais elle agonise. Le roi en figure