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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/58

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Dans le cerveau de ton dramaturge un héros s’est dressé, un capitaine d’aventures, cher à ton imagination, puisqu’il incarne toutes vives tes ambitions et tes convoitises, petit-fils de Figaro et satellite de l’autre, du légendaire maître de l’ambition et de l’énergie modernes. Celui-ci est homme à défier la tour de Nesle et à conquérir les tours du Louvre : aujourd’hui anonyme Buridan, demain Lyonnet de Bournonville. Il est ton homme, étant l’individualisme effréné. Ô peuple, ne le quitte pas des yeux. Tu en auras pour ton argent et pour ton plaisir.

Avec lui tu vas parcourir toutes les étapes de la vie sociale sous le règne de Louis le dixième. Tu feras une première étape à la taverne d’Orsini, par-devers les Innocents ; et aussitôt, tu seras introduit dans le repaire de l’orgie royale, dans la tour mystérieuse et détestable. Il est vrai que tu ne verras point les alcôves, mais seulement une manière d’antichambre, une demi-circonférence d’attente, où t’apparaîtront les intermèdes plus curieux que le reste. Il sied de ne point imiter les façons de ces princesses et de respecter la morale, ou à peu près, quand on est le peuple souverain. Tu y verras une femme échauffée, chiffonnée et attendrie sur le sort de son compagnon de fête dont elle voudrait, pour une fois, sauver les jours, puis marquée au visage, puis démasquée, pendant que l’autre paye de sa vie sa curiosité : « Marguerite de Bourgogne, reine de France ! » Tu verras même Buridan s’échapper par la fenêtre, selon la mode des héros romantiques pour qui les portes semblent faire l’office d’ornements inutiles. En sa compagnie, tu entreras au Louvre,