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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/61

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LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

doit contenter tous les taverniers. Et là, ainsi que le stratégiste prépare son plan de bataille, Austerlitz ou Waterloo, Buridan donne rendez-vous en la tour de Nesle à Gaultier d’Aulnay, favori et fils de la reine, frère de l’amant indiscret tué au premier acte ; Buridan joue un coup de partie, comptant à la fois se débarrasser d’un rival et faire surprendre la reine au repaire de ses vices. Mais il a compté sans les hasards de la vie. Il apprend que Gaultier est aussi son fils, né des amours printanières de Lyonnet et de Marguerite. En vain il s’élance et, dans son empressement, entre par une fenêtre de la tour. Marguerite, qui attendait Buridan, a donné ses ordres à son bravo : Gaultier agonise, seconde victime de sa mère abominable. La reine avait aposté Orsini pour se défaire de Buridan ; le premier ministre avait commandé les gendarmes pour se débarrasser de la reine : reine et ministre sortent enfin par la porte, de compagnie, entre les gardes. Enfin ce dernier tableau, qui semble une gageure, excite une émotion aussi forte, je ne dis pas aussi sublime, que le dénouement d’Œdipe roi. Et c’est au représentant de la force publique qu’échoit le mot décisif : « Il n’y a ici ni reine ni premier ministre », — mot plus doux que le miel à nos sentiments égalitaires. N’est-il pas vrai, peuple de France, que ce drame est une intuition de génie ?

Quant aux protagonistes, ils sont comme l’abrégé des passions populaires. Marguerite de Bourgogne, reine de France ! Ce cri d’orgueil, la Némésis des faubourgs ne le lui a point pardonné. Tout ce que l’imagination peut rêver de caprices, de vices et de