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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/66

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

peuple ; il y prétend retrouver sa légende ; il y voit une grandiose extension de son obscure personnalité à travers les siècles. Au moins, il s’agit de la lui faire voir. Le drame historique, ou plutôt « extra-historique », selon le joli mot de la préface de Catherine Howard, allait droit à la foule, ou plutôt lui revenait de droit. Au fond, sous l’ambition des formules, Victor Hugo ne rêvait pas autre chose, ni Alfred de Vigny, ni non plus le premier en date, Stendhal. Ce goût du passé avait pour principal objet d’émouvoir et exalter la fibre populaire. Et c’est Dumas qui consciemment y atteint. « Le genre de littérature que je fais, répondait-il à Thiers, est mieux joué au Boulevard qu’au Théâtre-Français. » À compter d’Henri III et sa Cour, jamais plus, sauf en des pièces panoramiques telles que Napoléon ou la Barrière de Clichy, il n’affichera la prétention de faire œuvre d’historien sur le théâtre. À peine dans le roman. Il puise aux sources pour amorcer la curiosité autant que pour exciter la fantaisie. Il sait le fonds qu’un dramatiste peut faire sur le régal des yeux pour aller au cœur du public. Il scrute laborieusement les textes, lui ou un collaborateur érudit, comme le professeur Maquet. Mais l’historien, dont il emprunte la méthode, n’en doutez pas, c’est Walter Scott. Il ne craint point l’érudition qui se voit, si je puis ainsi parler. L’antiquité ou la Révolution revit sous nos yeux, non pas l’historique, mais « l’autre », comme il dit plaisamment : celle qui anime un décor et qui donne une couleur singulière à la passion.

En 1848, il fait représenter Catilina sur son