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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/91

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LE DRAME MODERNE.

Richard s’écrie trop volontiers : « Malédiction ! Damnation ! » faut-il oublier que d’impatientes aspirations agitaient le cœur des Français, depuis les Augereau, les Marceau, les Bernadotte et surtout le Bonaparte ? Le rouge ni le noir ne l’attirent point. Mais il sait que Pitt était ministre à vingt et un ans. Il incarne l’ambition telle que le peuple la conçoit, servie par le « poignet ferme » et par « la voix forte », qui sont, depuis Mirabeau, le commencement du génie politique.

Richard n’est point un Fabiano Fabiani, qui chante la romance à Madame, ni un Ruy Blas, qui s’élève par la faveur d’une femme et retombe à plat sous l’ironie d’un homme. Il ne s’alanguit pas

À regarder entrer et sortir des duchesses.

L’ambition qui n’agit point, est-ce une ambition de drame ? Richard aborde la politique, les coudes serrés au corps, et prêt à faire le coup de poing. Ainsi, plus tard, M. Frédéric-Thomas Graindorge acquerra ses premières idées sur la façon de conduire les hommes. Candidat, il s’avise déjà qu’« on ne vit qu’en s’incorporant à quelque être plus grand que soi-même ». Député, il ne change pas de maximes, mais il changerait volontiers de famille, pour mettre sa vie et sa fortune sur le même pied. Égoïste avec fermeté, il fonde sa réputation par ses discours, et consolide son avenir par son opposition. « La société, dit-il avec une lucidité inquiétante, place autour de chaque homme de génie ses instruments : c’est à lui de s’en servir. » Au moment où le secret de sa naissance lui est révélé, il s’enquiert