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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/122

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

le Franz des Brigands, habillé à l’italienne, — à moins qu’il ne soit la Paula de Christine, au sexe près : Paulo, Paula, Paolo, cela se décline. Les souvenirs se rejoignent par réverbération. Et arrivons à la Tour de Nesle.

À cette œuvre homérique tout le monde collabora : Gaillardet, J. Janin, Goethe qu’on nomme, et celui dont on ne parle point et qu’on rançonne sans merci, Schiller, toujours Schiller. J’ai indiqué plus haut le récit macabre de Landry calqué sur celui du brigand Schufterlé et la croix rouge que les deux frères d’Aulnay portent au bras[1]. Il paraît bien que la Tour de Nesle est, avec le Comte Hermann, l’œuvre qui emprunte davantage la couleur générale du style des Brigands. Elle en retient encore quelques autres choses. La scène où Buridan révèle à Marguerite l’existence des tablettes sur lesquelles Philippe d’Aulnay a écrit de son sang : « Je meurs assassiné par Marguerite de Bourgogne » : voir les Brigands[2]. Le meurtre qui souilla les premières amours de Buridan et de Marguerite (« l’assassin l’a revu dans ses rêves »), je serais bien étonné qu’il n’y eût pas là quelque réminiscence encore des Brigands[3]. Et toute cette série de crimes qu’abrite la Tour de Nesle : les Brigands, les Brigands. Franz Moor enfermait son père dans un caveau et pensait tuer son frère. Parricide ! Fratricide ! Marguerite de Bourgogne, Buridan, Lucrèce Borgia, les Burgraves !… Pour la diablerie de ce parler héroïque : « Quoi ! vieillard, as-tu fait un pacte avec le ciel ou avec l’enfer[4] ? » — cela même n’est

  1. Voir ci-dessus, p. 97
  2. Les Brigands, II, sc. ii, p. 57 : « Que vois-je ?… Qu’y a-t-il là, sur l’épée ?… Écrit avec du sang ?… », etc.
  3. Les Brigands, IV, sc. ii, p. 111, et V, sc. i, pp. 139-144 et 149 : « L’un se nomme parricide, l’autre fratricide ». Cf. les Burgraves. « Cain ! » III, sc. i, p. 341.
  4. Les Brigands, V, sc. i, p. 149.