Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

en pays étranger, il a le sens du drame français. Il emprunte, mais il refond. Il se garde de mettre sur les tréteaux la confession même et la communion de la victime. Ethelwood, l’amant enseveli et muré par Catherine, reparaît, s’improvise bourreau, et dans le sein de l’archevêque dépose d’une voix tonnante les crimes secrets de celle qu’il va exécuter. Cela fait une scène, non plus scabreuse ni presque sacrilège, mais, au contraire, d’un pathétique qui purge en nous la haine de la Bête malfaisante.

Il faut en prendre son parti. Dumas est plus allemand que shakespearien. Il se compare et se laisse comparer à Shakespeare[1]. Il s’appuie sur Schiller. Et c’est à lui qu’il s’adressera encore, quand, après 1840, il voudra se renouveler. En 1842 il donne au Théâtre-Français Lorenzino, une nouvelle mouture de Fiesque ; en 1847 Intrigue et Amour pour son Théâtre-Historique ; en 1849, sur la même scène, il fait représenter le Comte Hermann, où l’auteur des Brigands a collaboré pour le rôle de Fritz Sturler. Les Brigands, Fiesque, l’Intrigue et l’Amour, c’est à la trilogie de jeunesse qu’il se reprend pour se rajeunir. Il fait ailleurs des excursions. En 1850, il adapte le Vingt-quatre Février de Werner ; en 1854, il dédie à Victor Hugo la Conscience, tirée d’une trilogie d’Iffland : Crime par ambition ; en 1856, il dédie au Peuple une Orestie. Il met les trilogies d’Eschyle sur le même pied que les trilogies schilleriennes. M. Ch. Glinel tient l’Homme est satisfait, de 1858, pour une adaptation d’une pièce d’outre-Rhin. Comme il ne fournit à l’appui de son assertion aucun

  1. Voir Th., t. I, Comment je devins auteur dramatique, p. 16. Cf. Ch. Glinel, op. cit., ch. v, p. 397 : « À l’occasion d’un festival dramatique donné en cette même année (1846) par Alexandre Dumas à ses amis et partisans, à Saint-Germain-en-Laye, on joua Shakespeare et Dumas ».