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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/164

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

il eût donné dix ans de sa vie « pour atteindre à cette forme[1] ». Au prix de dix années ce n’est pas trop chèrement acheter les dons luxuriants de la divine poésie. Mais le dramaturge eût fait un mauvais marché. Stendhal avait une vue plus juste des exigences du drame : il y fallait la prose[2].


III

« HENRI III ET SA COUR. »

Le 11 février 1829 fut représenté, sur la scène du Théâtre-Français, Henri III et sa Cour, en cinq actes et en prose.

Je n’ignore pas ce qu’on peut alléguer contre ce drame, qui est une date et une œuvre, quoi qu’on dise. Cela ne ressemble pas à Bérénice, à qui je ne le comparerai pas. On n’y trouvera ni la mesure, ni le goût, ni la psychologie harmonieuse. Qu’on se rassure : je n’ai pas formé le dessein d’y découvrir ces délices. Le temps en était passé, pour ne plus revenir. Même il ne m’échappe point qu’une légère transposition suffit pour tourner cette pièce à panache en parodie[3]. C’est une besogne aisée, qui n’est pas neuve, et dont nos artistes de la Comédie-Française s’acquittent, à cette heure,

  1. Mes mémoires, t. VIII, ch. cxxxi, p. 259.
  2. Racine et Shakespeare, partie I, p. 127 : « Nous ne réclamons la prose que pour les tragédies nationales », et partie II, lettre ii, p. 166 : « Le vers alexandrin n’est souvent qu’un cache-sottises ».
  3. Le drame Henri III et sa Cour suscita trois parodies : la Cour du roi Pétaud, à laquelle Dumas collabora (Alex. Dumas, Gavé, Laviglé et A. de Ribbing), représentée au Vaudeville, le 28 février 1829 ; — le Brutal — et Cricri et ses Mitrons. Voir Charles Glinel, op. cit., ch. iv, p. 222, n. 1.