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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/233

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DRAMES TRAGIQUES.

derrière lesquelles s’évanouissent des personnages fantastiques, qui ne font que paraître et disparaître.

Caligula s’endort[1]. Il est bien gardé. Messaline veille au pied du lit. Elle s’échappe. Claudius soulève la portière, puis Aquila, puis Junia, puis Cherea, Annius Sabinus, Rome entière, jusqu’au préfet Protogène, qui arrive le dernier, comme dans les opérettes. Décidément, l’empereur n’était point gardé du tout. Qui s’y pouvait attendre ? Et c’est la beauté du dénoûment. Si vous aimez les anecdotes, on en a mis partout. Quel sermonneur nous promettait une tragédie de la Providence, la lutte entre le christianisme et le paganisme, quelque chose comme une tragédie sacrée, historique et moderne ? Hormis le songe de Caligula[2], la légende de Marie-Madeleine[3], et certains échos affaiblis de Corneille, je ne trouve, pour satisfaire ma curiosité historique ou ma ferveur chrétienne, que quelques mots singulièrement adultérés par la forme du vers.

Que vous ne craignez rien, impassibles athlètes,
Si ce n’est que le ciel ne tombe sur vos têtes[4]


ou encore :

 
Il te sera par un Dieu désarmé
Beaucoup remis, ô femme, ayant beaucoup aimé[5].


On voit du reste que la veine de Dumas n’est pas en progrès. À mesure qu’il met plus haut ses visées, le drame tragique le trahit davantage. Il a trop de talent dramatique avec un génie trop expansif, pour illustrer ce genre, où des poètes de goût et qui ont le sens

  1. Caligula, V, sc, vi sqq, pp. 11 sqq.
  2. Caligula, II, sc, ii, p. 60.
  3. Caligula, I, sc, i, pp. 40-41.
  4. Caligula, I, sc, iv, p. 49.
  5. Caligula, I, sc, ii, p. 43.