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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/263

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DRAMES HISTORIQUES.

impayé. La pauvre Lacouture se met à sa recherche. Et voici le bon de l’aventure. Jusqu’en 1814, depuis l’an de grâce 1789, la maîtresse trahie et volée le poursuit de son amour et de ses réclamations, l’évente dans toutes ses retraites, avant les policiers et pour leur compte. Pendant toute sa vie, il est occupé à dépister la police et déjouer la dame. Il conspire en partie double. Avant l’affaire de l’œillet, celle-ci découvre qu’il s’est réfugié, au sortir des Madelonnettes, à l’Hôtel des Trois-Fils, et qu’il y vit avec une jeune femme, Sophie Dutilleul. Bataille de dames ; dénonciation ; fuite de Rougeville et de Sophie à Vaugirard. À tout coup, le chevalier s’échappe, et la veuve est arrêtée. Une fois libre, elle se remet en quête de son Rougeville.

Pour ce qui est de Sophie Dutilleul, il paraît s’être servi d’elle comme d’un instrument infaillible aux mains d’un conspirateur. Elle est jolie, elle a des amies ; il attire chez elle Fontaine, ami du municipal Michonis, lequel n’en est pas moins homme pour être municipal. Dans un souper galant, Rougeville amène Michonis à lui proposer une visite dans la prison de la Reine ; il se fait presser, et à la fin accepte. On sait le reste, qui est l’épisode de l’œillet. Ne vous pressez pas de croire que ce singulier type mourra célibataire, en proie à sa domestique. Il semble que relégué et surveillé par l’Empire il va céder à cette destinée banale. Lacouture le surprend à Paris en compagnie de sa « vile mercenaire[1] ». Mais, le 9 novembre 1807, il épouse… Il épouse, lui, conspirateur, aigrefin, faussaire, toujours en démêlés avec la justice, Caroline-Angélique Boquet de Liancourt, fille d’un juge au tribunal de Soissons[2] ; cependant que, par intervalles.

  1. Lenôtre, ch. ix, p, 260.
  2. Ibid., p. 252.