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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/290

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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

de leurs deux enfants qui reste, alors Orsini fait son œuvre dans l’escalier et assassine Gaultier. On entend les cris ; le père et la mère veulent porter secours au malheureux. L’infernale porte résiste, cède ; le jeune homme paraît ensanglanté, mourant, et maudissant sa mère. Et Buridan tire une conclusion à l’antique de ce dénoûment effroyable : « Enfants damnés au sein de leur mère… Un meurtre a présidé à leur naissance, un meurtre a abrégé leur vie[1]. » Ce n’est peut-être pas la pure morale chrétienne, encore que le péché originel frappe tous les hommes pour une faute du premier homme. Une bonne fois, ne chicanons ni sur la fin ni sur les moyens. On n’entraîne pas les fils des grenadiers par des effets de saynète. Ces imaginations en disponibilité ne se sauraient assouvir (elles s’en flattent au moins) des menues prouesses de la criminalité coutumière. Shakespeare, après des temps aussi troublés, s’en était douté pareillement. Et avant lui Eschyle et même Sophocle. Mais aucun d’eux, même en des œuvres d’une portée supérieure, n’a pénétré plus avant dans l’obscure conscience de tes instincts et de tes désirs, ô Populaire tumultueux et sensible.


III

LES TYPES DE « LA TOUR DE NESLE »

L’habileté du dramaturge n’y eût pas suffi. Musset a beau se moquer et dire : « A-t-elle vu la Tour de Nesle et lit-elle les romans de M. de Balzac[2] ? » Dumas n’est pas Balzac, non pas même en cette maîtresse


  1. La Tour de Nesle, V, tabl. ix, sc. iv, p. 97.
  2. Il ne faut jurer de rien, I, sc. i, p. 336 (Œuvres compl., t. IV, Charpentier éditeur, 1881).