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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/294

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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

Dumas n’a pas poussé jusqu’à la rédemption. La reine a nui à la mère. Mais il s’est manifestement adouci vers la fin : il a sauvé Marguerite d’un second inceste. Il s’est contenté de la faire appréhender après l’avoir réduite à crier grâce, et juste à l’instant qu’elle se redresse en disant : « Moi, la reine ![1] » Même il a esquissé les circonstances atténuantes. « Oh ! ce Lyonnet, ce Buridan, ce démon… c’est à lui que je dois tous mes crimes ; c’est lui qui m’a faite toute de sang [2]. » Et enfin, reine, elle ne sait « si elle oserait s’absoudre[3] » ; mais femme, trois fois femme, elle n’est pas en peine de savoir qui accuser de ses vices.

Celui-ci joute avec les puissances, il est la popularité même. Buridan, autrefois Lyonnet de Bournonville, fut contemporain de Louis le Hutin. Il le faut croire, puisqu’on nous l’affirme. Et trois choses en font foi : son costume, ses jurons, et son mépris des manants[4]. Au reste, consilio manuque[5] : c’est sa devise. Malgré sa généalogie, il appartient à la lignée de ce coquin de barbier. Si je me trompe, et s’il est vraiment noble, son père était de la nuit du 4 août. Lui-même a retroussé ses manches et fait de pires besognes. À quinze ans, il a perdu d’honneur Marguerite, qui avait le même âge, et tué le père, « une noble tête de vieillard »[6], pour cacher la faute de la fille… Eh mais ! qu’est-ce donc que ce capitaine ?

  1. La Tour de Nesle, V, tabl. ix, sc. v. p. 98.
  2. La Tour de Nesle, V, tabl. ix, sc. ii, p. 92.
  3. La Tour de Nesle, V, tabl. ix, sc. ii, p. 92.
  4. Au surplus, après les avoir crossés, il ne leur garde pas rancune ; il les l’ait boire à sa santé et porte la leur. La Tour de Nesle, I, tabl. i, sc. ii, p. 7.
  5. C’est l’enseigne de Figaro. Voir le Barbier de Séville, I, sc. VI.
  6. La Tour de Nesle, III, tabl. iv, sc. v, p. 61.