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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/314

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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

Partie ! Vois donc : les phrases sont comme la vie ; la même peut servir à exprimer la peine et la joie. Qui diva ce qui s’est écoule entre ces deux mots ? Quelles émotions sont nées et se sont éteintes ?[1] » Qu’il nous suffise de le constater : des émotions et sensations, sans plus. Il ne s’agit guère d’autre chose. Dumas n’est ni un André del Sarto, ni un Rosemberg[2], ni un Lorenzaccio : chaud à l’imaginer mais prompt à l’action. Les subtiles inerties de Musset le déconcertent. L’amour en buste ne lui sert que d’un prélude ou d’une amorce de l’autre. Si on lui reproche de se trop plaire à l’autre, il a une réponse toute prête : « … Crois bien que je ne l’aime autant que parce qu’il semble nous lier davantage encore. Les moments de repos qui le suivent sont délicieux, et plus suaves que lui peut-être.  » Et il ajoute sans perdre haleine : « … Crois que je sais aussi savourer de l’amour tout ce qu’il a de délicat, comme je sais éprouver tout ce qu’il a de délirant[3] ». Pourvu qu’il y ait du délit là dedans, le gaillard est un gourmet.

Et un habile homme. Ayant affaire à une Égérie frottée de littérature, il pare de belle phraséologie métaphysique sa vigoureuse sensualité. Nous touchons à l’éternelle comédie des femmes savantes, à qui le pédantisme vient comme une passion, comme un à peu près de chaleur des sens, que l’infini tourmente, et qui couvrent de l’intérêt de la science leurs discrètes pâmoisons. Dumas ne s’y trompe point : il pousse sa pointe entre Trissotin et Bellac[4]. Au lieu du spiritualisme, il affecte le scepticisme, qui est en faveur. Jeune,

  1. Lettres inédites.
  2. Barberine.
  3. Lettres inédites.
  4. Le poète des Femmes savantes, le philosophe galant du Monde où l’on s’ennuie.