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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/362

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

ce qui est de l’imagination qui mit sur pied ce type, de la main qui le façonna, de cette communion frénétique avec l’âme française de l’époque, n’en déplaise à Granier de Gassagnac, Dumas, Dumas fecit. De lui est ce drame fantastique et moderne.

C’est celui où il a pensé être davantage shakespearien. Certes, il ne faut ni le voir ni le lire après Macbeth, où la passion nue s’analyse et se développe sous nos yeux. Le proiogue en est brutal, mystérieux, et peu vraisemblable ; et il ne suffit pas de se couvrir de l’autorité de Térence[1], pour mettre un accouchement presque sur la scène, que dis-je ? pour traîner l’accouchée à genoux devant le public, après lui avoir enlevé son masque, qui sans doute la gêne[2]. Et je consens que Richard est bien l’enfant du mystère, que l’énigme le poursuit. Il s’entretient avec un inconnu : il se trouve que cet inconnu est le roi. Je reconnais que ce marquis da Silva, qui faisait beaucoup de façons pour accorder sa fille mère au bourreau, n’hésite pas une seconde à offrir la cadette[3], qui est intacte, à un intrigant de la Chambre des communes. Le parti a besoin de rallier Richard. Voulez-vous ma fille ? C’est le sacrifice politique d’Iphigénie ; mais c’est aussi un trou dans la pièce. Quant à Lady Wilmor, qui n’a pas cherché à revoir son fils depuis qu’elle lui a donné le jour, sous le prétexte qu’elle ne saurait lui nommer son père, je crains qu’elle n’ait des scrupules tardifs et n’abuse des angoisses de feu Pixérécourt[4]. Ce n’est que la fantasmagorie populaire du mélodrame : Shakespeare au

  1. Voir l’épigraphe du Prologue. Richard Darlington (Th., III), p. 2.
  2. Richard Darlington, Prologue, sc. vii, pp. 19 sqq.
  3. Richard Darlington, II, tabl. iii, sc. ii, pp. 66 sqq., et sc. vii, pp. 77 sqq.
  4. Richard Darlington, III, tabl. vi sc. iv, pp. 105 sqq.