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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/403

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DUMAS PÈRE ET DUMAS FILS.

le drame paternel, d’abord et par-dessus toute chose pour l’énergie de l’action, pour la bravoure qui s’y déploie. Puis, arrivant à son tour sur le théâtre, il le prend d’assaut ; il escalade la littérature ; il fonce en avant, tête baissée.

Dumas fils n’a pas la faculté d’invention de Dumas père. Mais (il faut le dire, parce que c’est une vérité trop méconnue) il en a la sensibilité, qu’il s’applique premièrement à contenir par la logique, et qui finira par déborder et rompre les digues dans la seconde partie de son œuvre. Elevé par une mère pauvre, il eut une enfance triste, plus triste encore que celle de son père, qui du moins grandit en pleine nature. Il n’aura jamais ni la même allégresse, ni une telle joie de vivre, ni pareille pétulance. Il cachera d’abord sa tendresse comme une tare du jeune âge ou mieux, une inélégance. Mais c’est une singulière erreur, à mon avis, de croire que sous le sourire impertinent de de Ryons se dissimule « un profond dédain pour les femmes « et « le plus furieux mépris des choses de l’amour[1] ». Les


    il allait heurter Marchal, celui-ci se rassembla, serra les coudes au corps et reçut le choc avec une telle unité de contraction et de résistance, que l’agresseur imbécile alla rouler à dix pas de là, les quatre fers en l’air. Furieux, il se releva et courut sur cet adversaire inattendu ; mais Marchal, retroussant lestement ses manches et pliant légèrement sur ses jarrets, immobile et ferme comme un roc, sans abandonner sa cigarette, lui dit : « … Si tu bouges, je t’assomme ». Cf. Mes mémoires, t. IV, ch. cix, p. 284. C’est aussi à la sortie du théâtre de la Porte Saint-Martin : « Deux individus attaquaient un homme et une femme. L’homme attaqué essayait de se défendre avec une canne ; la femme attaquée était renversée, et le voleur tentait de lui arracher une chaîne qu’elle avait au cou. Je sautai sur le voleur, et, en un instant, il fut renversé à son tour et mis sous mon genou. Ce que voyant le second voleur, il abandonna l’homme et se sauva. Il paraît que, sans y faire attention, je serrais le cou du mien outre mesure…  »

  1. Jules Lemaître. Journal des Débats, 31 mars 1894.