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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/408

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

sentement, pour dialectiques et dogmatiques qu’elles soient, elles n’en sont pas moins romantiques, par Shakespeare et Dumas.

Dès Diane de Lys, Dumas fils prend une forte position entre la loi et le préjugé, la vérité morale et absolue et la vérité relative et conventionnelle. Qu’est-ce à dire, sinon que la lutte d’Antony le tente, et que ni la scène des « enfants trouvés » ni celle des « préjugés » ne lui sont étrangères ? Au fond de cette âpre et fière raison, qui s’attache à réformer le monde, n’apercevez-vous pas la vaillance d’opinion, la foi en soi-même, l’invincible besoin d’être à part, et encore le muscle, le muscle de famille qui brandit passions et raisonnements ? Cette logique même, qui supplée à l’imagination, est impétueuse et pousse volontiers jusqu’aux défis. Elle considère et traite l’humanité de haut en bas. Elle raisonne, analyse, déduit, aussi impérieuse (mais plus maîtresse de soi) dans ses syllogismes que l’autre dans ses blasphèmes. Surtout elle dénote une vigueur admirable dans le dessin de la pièce et des caractères.

Au reste, tous ces héros positifs sont fils d’Antony par leurs aspirations et quelques-unes de leurs illusions, qui appartiennent décidément en propre à notre société renouvelée. Aucun d’eux ne dédaigne ni les titres ni la particule ni les savonnettes à vilains. Antony, Buridan, Paul Aubry, Jacques Vignot sont tous nés grands d’Espagne : ils convoitent grandement. L’un est un grand artiste, amoureux d’une grande dame, d’une très grande dame. L’autre, M. Jacques Vignot, aspire à la main de la nièce d’une marquise, récente, il est vrai, mais qui tient ferme au parchemin — et lui aussi. Nous retrouvons notre Dumas, le fougueux artilleur républicain, ami de tous les princes, ducs, comtes et marquis ; et, si je ne reconnaissais là les saines tradi-