Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
L’ÉCRIVAIN. — CONCLUSION.

une grâce d’état et en toute propriété, ce qui lui manque trop souvent ailleurs. Les philologues et les délicats s’exposent à des mécomptes en lisant ses drames, qui veulent être vus. Manque d’études premières, c’est lui qui n’évite pas toujours le jargon. Il ne le distingue point du reste. Parmi certaines scènes, barbarismes et solécismes prennent leurs naïfs ébats. Même dans les pièces en vers, où sa plume s’appliquait, pensant faire œuvre d’art, il est sujet à des accidents. Je laisse de côté Christine, œuvre de début. Mais plus tard il ne devient guère plus prudent. J’ai signalé dans Charles VII un barbarisme immodeste par enjambement[1]. Les conjugaisons lui sont épineuses. Il en est moins sûr que de lui-même. Il dit : « Pourquoi me senté-je ?[2] ou a « Peut-être cèdai-je en ce moment[3]. » Or les deux fautes sont bien compliquées pour être imputables au typographe. Quand il joue de l’élégance, il se heurte à des imparfaits d’une grâce inquiétante. « Mais je voudrais bien, dit-il avec un sourire, qu’ils ne fuyassent point de notre côté, mademoiselle[4]. » Il a des solécismes d’habitude, et d’autres qui ne manquent pas de recherche. Il écrit hardiment : « Penche-toi vers celui qui t’aspire de toute sa puissance[5] », et couramment : « Si vous n’êtes pas de service ce soir, ce qui est probable, puisque vous l’êtes ce matin[6] », ou : « Est-ce que vous ne voyez pas que madame du Maine est en correspondance suivie avec la reine d’Espagne ? » — « Ma mère l’est bien avec toutes les reines de ce monde[7]. »

  1. Voir plus haut, p. 199, et Charles VII, V. sc. iv, p. 312.
  2. Don Juan de Marana, I, tabl. I, sc. v, p. 13.
  3. Le Vampire, II, sc. ii, p. 174.
  4. La Chasse au Chastre (Th., XVII), III, tabl. vi, sc. v, p. 244.
  5. Le Chevalier de Maison-Rouge, III, tabl. viii, sc. v, p. 124.
  6. La Jeunesse de Louis XIV (Th., XIX), I, sc. xiv, p. 90.
  7. Le Chevalier d’Harmental (Th., XV), II, tabl. ii, sc. ii, p. 225.