Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
427
L’ÉCRIVAIN. — CONCLUSION.

Il nous a paru qu’il était temps de réparer sa renommée et de lui restituer dans l’histoire du drame sa vraie place, qui est la première. Pour y réussir (si tant est que nous y ayons réussi), l’obligation s’imposait de déplacer ensemble et d’élargir l’horizon de notre étude ; d’envisager son œuvre du point où nous sommes, du tournant du xixe siècle, et non des hauteurs du xviie siècle ; de renoncer à des dissertations théoriques, qui sont matière de dissertation, et non de théâtre ; de rebuter ces antiques et inutiles disputes de couleur locale, d’unités, de sublime et de grotesque, de mélange des genres ; d’élaguer, en un mot, de notre dessein toute la partie scolastique, et de faire, autant qu’il était en nous, la part à peu près égale à l’intérêt dramatique, social et littéraire. Nous devons à des lectures classiques chaque jour poursuivies, assez de goût et peut-être de raison pour reconnaître ce point de maturité et de perfection que fut la tragédie. Mais enfin les temps ont changé. La société de 1789 et le drame de 1829 ont suivi leur carrière. La scène a eu d’autres choses à exprimer, peut-être moins grandes et moins considérables, pour lesquelles une technique nouvelle était pourtant nécessaire. Il en est du théâtre comme de la peinture où la réforme des moyens matériels est la condition première de tout progrès. Celui qui d’abord mit le drame au point de la scène et du public est le novateur, non pas celui qui en édicta les oracles préliminaires. Dumas fut celui-là ; la critique dramatique ne s’y peut méprendre. D’autre part, un drame qui serait plein d’idées, ou seulement de vers admirables, s’il n’est au point ni du public ni de la scène, est mort-né. Victor Hugo a commencé par Cromwell et fini par les Burgraves. Dumas n’eût écrit ni l’un ni l’autre, faute du même style, et parce qu’il avait plus de talent et ne se détachait point de l’âme qui fait vivre le théâtre,