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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/296

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LE SAINT-GRAAL.

marchands, pour ne pas laisser Grimaud sans compagnie, voulurent partager son hôtel. Le bachelier et la dame vinrent à leur rencontre, et les accueillirent en gens des mieux appris. Les chevaux, conduits à l’étable, furent abondamment fournis de litière, d’avoine et de foin ; l’hôte reçut la lance, l’écu et le heaume du chevalier ; la dame prit son épée et le conduisit dans une belle chambre où elle le désarma, prépara l’eau chaude dont elle voulut elle-même laver son visage et son cou noirci et camoussé par les armes et les luttes précédentes ; elle l’essuya avec une toile blanche et douce, puis lui mit sur les épaules un manteau vert fourré d’écureuil, pour prévenir le passage trop subit du frais à l’excessive chaleur. Alors le chevalier monta au solier : avant de penser à reposer, il alla s’appuyer sur la fenêtre, pour recevoir le vent frais ; car on était en été, et la chaleur était grande.

Comme il laissait courir son regard çà et là, il aperçut un clerc aux cheveux roux, mais élégamment vêtu, qui allait et venait devant l’hôtel du prud’homme. La jeune épouse du vieillard avança bientôt la tête, et le clerc, après lui avoir témoigné l’intention de passer la nuit avec elle, s’éloigna. Grimaud vint alors prendre place au souper plantureux et bien servi. Les nappes ôtées, ils allèrent, le bachelier, les six