Aller au contenu

Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
rêveries de galehaut.

pour vous avoir tout à elle, et elle a bien fait. Mais ne l’oubliez pas, beau doux ami, le jour que je perdrai votre compagnie, le monde perdra la mienne. — Cher sire, avec l’aide de Dieu, pourrions-nous jamais cesser d’être compains ! Je me suis donné au roi Artus de votre consentement ; mais, pour être son homme, je n’en reste pas moins entièrement à vous de corps et d’âme. »

Ainsi parlèrent-ils longuement, tout en continuant à chevaucher. Les lieux où ils passèrent (nous laissons à d’autres le soin d’en reconnaître la place) furent, d’abord la maison aux rendus de Chesseline[1], fondée près du château du même nom par le roi Glohier ; puis une ville nommée Alentin[2], et enfin Sorhaus, la principale cité du Sorelois. Et comme ils en approchaient, cent chevaliers de la contrée vinrent à Galehaut, conduits par son oncle, vieillard qui avait eu soin de son enfance. En tendant les bras à son nourri, des larmes s’échappèrent de ses yeux. « Sire, dit-il, nous avons été en grande crainte à votre endroit ! nous vous supposions mort ou gravement malade, en raison de l’étrange merveille dont nous avons été témoins. »

  1. Var. Dessous Tesseline. — Chesseline.
  2. Var. Caellus.