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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/197

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lancelot du lac.

pour un preux tel que vous, beau doux ami, quelle dame eût rougi d’une telle faute, et n’eût pas trouvé grâce au moins devant le monde ! Toutefois, le Seigneur Dieu n’a pas égard aux règles de courtoisie et le moyen d’être bien avec lui n’est pas d’être bien avec le siècle. Je vous demande un don, Lancelot : laissez-moi me garder mieux que je n’ai fait quand je courais danger d’être surprise. Au nom de l’amour que vous une devez, j’entends qu’ici vous ne réclamiez de moi rien au delà du baiser et de l’accoler. De cela, je vous en fais réserve ; et, plus tard, quand il en sera temps et lieu, je ne refuserai pas le surplus. Ne soyez pas en peine de mon cœur ; il ne peut être à un autre, quand bien même je le voudrais. Cher doux ami, sachez que j’ai dit à monseigneur le roi, quand il vint m’engager à vous demander de rester à la cour, que j’aimais autant et mieux la compagnie de Lancelot que la sienne.

« — Dame, répond Lancelot, ce qui vous plaît ne saurait me déplaire. Votre volonté est ma règle ; de vous dépendront toujours et mon cœur et mes joies. »

Telles furent les conventions proposées par la sage reine, et Lancelot n’essaya pas de les enfreindre.