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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/270

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la mère de karadoc.

m’en défendrai dans sa maison même, contre son corps ou celui de tout autre. »

La vieille dont la fureur croissait de plus en plus appelle ses chevaliers. « Je n’aurai pas de joie, dit-elle, que ce traître ne soit mis en pièces ; si vous n’osez le tuer, c’est moi qui le ferai. » Ce disant, elle va prendre un épieu dans le hantier[1], et s’approchait pour l’en frapper, quand son fils se met entre elle et messire Gauvain, et lui arrachant des mains l’épée : « Qu’allez-vous faire ? voulez vous m’enlever le profit de ma chasse. — Comment, fils ! il m’a appelée méchante sorcière, et tu veux m’empêcher de le punir ? — Mère, ne voyez-vous pas qu’il souhaite la mort pour échapper à la prison où je le ferai pourrir ? » Ainsi parvient-il à calmer la forcennerie de la vieille. Mais elle ordonna qu’on étendît mess. Gauvain sur une table, et cela fait, elle exprima sur toutes ses plaies un onguent qui devait les irriter sans que le poison pénétrât jusqu’au cœur. Elle le fit ensuite transporter par trois sergents dans un souterrain obscur, rempli de toute espèce de vermines.

Au milieu de la chartre était un grand pilier de marbre creux dans lequel on avait poussé

  1. Sorte de râtelier où l’on déposait les bois de lance. De hante, bois de lance.