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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/288

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lancelot du lac.

il n’a plus la force de lever le pied et reste étendu sur le degré. Lancelot l’attendait un peu plus loin : il approche, le saisit par les épaules et le ramène dans le cimetière. « En vérité, dit la demoiselle, le chevalier n’est pas encore venu qui sortira de l’autre côté. — On verra bien, fait Lancelot ; si je ne l’essayais, j’en mourrais de honte. »

Ce disant, il prend son épée au poing, détache son écu et le lève sur sa tête. « Eh quoi ! dit la demoiselle, êtes-vous las de vivre ou voulez-vous nous revenir comme ce chevalier, c’est-à-dire plus mort que vif ? Croyez-moi, beau sire ; mieux vaut vivre longtemps timide, que mourir prud’homme avant l’âge. — Ne parlez pas ainsi, demoiselle, et qu’il vous suffise de m’indiquer par où je dois avancer. » La demoiselle lui indique du doigt la chaîne, et Lancelot, d’une voix basse : « Ma souveraine dame, je me recommande à vous[1]. Puis il se signe, descend les degrés, saisit la chaîne et avance résolûment. L’odeur infecte répandue autour de lui ne l’incommode pas ; car la dame qui lui portait l’oubli

  1. « Dame à vous me comant où que je sois. » Invocation exprimée pour la première fois, et cent fois répétée par les héros de romans à la suite, jusqu’à Don Quichotte.