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Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/116

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FRANÇOIS VILLON.

Sauf une ou deux taches, qui choquent surtout parce que le reste est parfait[1], la ballade des Dames du temps jadis est un vrai chef-d’œuvre et mérite la popularité dont elle n’a pas cessé de jouir.

C’est encore la femme — mais quelle femme ! — qui fait le sujet d’une ballade que l’on peut attribuer à la même période, la ballade où Villon semble se mettre en scène avec cette « grosse Margot » de la Cité dont il aurait été le souteneur. Cette pièce se rattache, comme on l’a déjà remarqué[2], à un genre encore florissant au XIVe siècle, et dont on trouve même des exemples dans Deschamps, celui de la « sotte chanson » : aux poésies conventionnelles où les poètes « courtois » célèbrent les charmes et les vertus de leur dame on s’amuse à opposer des amours avec les créatures les plus hideuses ou les plus abjectes. Il est donc permis de croire que ce n’est pas sa vie réelle dont Villon nous fait ici le tableau, que la trop fameuse ballade est à la fois un jeu littéraire et une de ces bravades où peut se lancer, entre écoliers, une verve trop débridée. Au reste, c’est surtout l’infamie de cette pièce qui l’a rendue célèbre : elle n’est pas une des meilleures du poète ; le réalisme y est poussé à l’excès, et on peut y relever plus d’une gaucherie. Il est surprenant que Villon ait conservé cette pièce ignoble pour l’enchâsser dans le Testament, non loin de la pièce où il fait parler sa mère et

  1. . « Prince, n’enquerez de semaine Ou elles sont ne de cest an » : ces deux premiers vers de l’Envoi sont bien fâcheux ; le vers sur Pierre Esbaillart, « Pour son amour eut cest essoine », est aussi du remplissage.
  2. . Voir Bijvanck, Un poète de la société de François Villon, p. 12.