Aller au contenu

Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


À Monsieur Jules JUSSERAND,
Ministre de France à Copenhague.


Mon cher ami,

Vous souvient-il qu’à l’origine cette collection — dont nous avions conçu l’idée ensemble — devait s’appeler « les Immortels » et ne comprendre que quarante volumes, qui auraient paru avec un élégant cartonnage, orné, au coin, d’une immortelle d’or ? Sur ces quarante Immortels nous ne pûmes nous mettre d’accord, nous et les amis que nous consultâmes : trente allaient tout seuls, mais pour les dix dernières places il y avait encombrement, chacun de nous ayant ses candidats et n’en voulant pas démordre, si bien que nous renonçâmes à ce chiffre qui nous amusait, et que la collection dirigée par vous compte déjà quarante-trois volumes, bien qu’il lui manque encore quelques-uns de nos plus illustres écrivains.

Dès l’origine, vous aviez admis maître François Villon, et c’est ce qui diminue mon scrupule au moment où j’introduis sa figure patibulaire en si noble et glorieuse compagnie. Il devait même être un des premiers à se présenter au public ; mais je n’ai pas votre vivacité et cette merveilleuse faculté de travail