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Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/188

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FRANÇOIS VILLON.

du néant des choses et des êtres est mêlé d’un burlesque soudain qui en augmente l’effet. Et tout cela est si naturel, si net, si franc, si spirituel ; le style suit la pensée avec une justesse si vive, que vous n’avez pas le temps d’admirer comment le corps qu’il revêt est habillé par le vêtement Il a tout, la vigueur et le charme, la clarté et l’éclat, la variété et l’unité, la gravité et l’esprit, la brièveté incisive du trait et la plénitude du sens, la souplesse capricieuse et la fougue violente, la qualité contemporaine et l’éternelle humanité. Il faut aller jusqu’à Rabelais pour trouver un maître qu’on puisse lui comparer, et qui écrive le français avec la science et l’instinct, avec la pureté et la fantaisie, avec la grâce délicate et la rudesse souveraine que l’on admire dans Villon, et qu’il a seul parmi les gens de son temps. » Et ailleurs, rappelant les jugements de plus en plus favorables portés par les critiques antérieurs, il conclut : « Tous sont, avec raison, unanimes à reconnaître l’originalité, la valeur aisée et puissante, la force et l’humanité de la poésie de Villon. Pour eux tous, et ce jugement est aujourd’hui sans appel, Villon n’est pas seulement le poète supérieur du xVe siècle, mais il est aussi le premier poète, dans le vrai sens du mot, qu’ait eu la France moderne L’appréciation est maintenant juste et complète ; d’autres viendront qui le loueront avec plus ou moins d’éclat et de talent, qui le jugeront avec une critique plus ou moins solide ou brillante ; mais désormais les traits de la figure de Villon sont arrêtés de façon à ne plus changer, et ceux qui entreprendront d’y revenir ne pourront rester dans la vérité qu’à la condition de s’en tenir aux mêmes contours. »