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Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/191

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LE SUCCÈS.

d’une autre école, celle des « rhétoriqueurs », dont son père était un des représentants les plus appréciés. Villon exerce sur lui une influence profonde et décide la voie dans laquelle il s’engage, à l’encontre de ses premiers maîtres : c’est ici l’artiste qui, parfaitement conscient, s’attache à dérober à un maître les secrets de son art. Il la honnêtement proclamé lui-même, et il serait intéressant de suivre de près dans son œuvre les traces de l’influence exercée par le poète qu’il admirait.

On a vu que la Pléiade avait rejeté Villon et son école aussi dédaigneusement que l’avaient fait les « rhétoriciens » du XVe siècle ; mais il y avait des poètes qui continuaient à le lire. On ne peut guère douter, quoi qu’on en ait dit récemment, que Régnier le connût et sût l’apprécier. Dans toute cette troupe « satyrique » et fantaisiste qui bruit, sous Louis XIII, autour de Théophile et de Saint-Amant, on signalerait sans peine plus d’une ressemblance avec le chantre de la belle heaumière, le peintre du charnier des Innocents, le bohème errant par les rues du vieux Paris et s’arrêtant à tous les cabarets, notamment à cette fameuse Pomme de Pin, toujours ouverte après deux siècles. Sous le règne de l’école purement classique, Villon, nous l’avons dit, eut la singulière fortune d’être admiré de Patru et mis en bon rang par Boileau ; il fut chéri de La Fontaine : « Feu M. de la Fontaine, dit le P. Du Cerceau, le connaissait fort bien : il avait trouvé à profiter dans ses œuvres, et je suis persuadé que pour la gentillesse et la naïveté il en avait plus appris de Villon que de Marot lui-même ». Au XVIIIe siècle c’est